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Dans l’état actuel des recherches, la stratigraphie conservée à Menez-Dregan présente une alternance de 17 niveaux d’occupation humaine et de 4 dépôts marins, entre -500 000 et -150 000 ans environ. 

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La faune n’est pratiquement pas conservée en raison de l’acidité naturelle du sol en Bretagne, et seuls les outils en pierre taillée permettent de connaître le mode de vie des groupes humains qui se sont succédé dans ce site et qui ont su très tôt maîtriser le feu (vers -465 000 ans). 

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L’industrie lithique retrouvée sur le site est extrêmement riche, et correspond à un faciès régional de l’Acheuléen. Plus de 153 000 outils taillés en silex, quartz, quartzite, grès ou microgranite ont été enregistrés depuis le début de la fouille, ainsi que des millions de débris de taille. Ils sont tous étudiés en détail à l’Université de Rennes 1. 

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Quelques pollens ainsi que de très nombreux charbons sont également collectés lors de la fouille. Très bien conservés, ces centaines de charbons de bois et les quelques pollens qui sont préservés permettent de reconstituer les paysages et les climats lors des différentes occupations du site à la préhistoire. 

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Des foyers parmi les plus anciens d'Europe : A l’issue de la campagne de fouille 2014, 12 foyers étaient clairement identifiés sur le site de Menez-Dregan I. De 2015 à 2019 aucun nouveau foyer n’a été découvert, ni dans la couche 8 ni dans la couche 9.

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ue retrouve-t-on à Menez-Dregan ?

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La stratigraphie conservée à Menez-Dregan I est très riche en informations. Hormis les niveaux 0, 1, 2, 3 et 10-11, toutes les unités stratigraphiques témoignent de la présence humaine sur le site. Elles sont présentées ici de la plus ancienne à la plus récente, et permettent de replacer les objets découverts dans leur contexte et leur occupation.

 

Juste au-dessus du sol de la grotte, le premier niveau géologique est la couche 10-11, un cordon de galets déposé par la mer il y probablement environ 500 000 ans. Il ne contient aucun reste archéologique, puisqu’à cette période la mer remplissait la grotte.

 

Sur ce cordon de galets, la première occupation humaine est celle de la couche 9, qui se compose des niveaux 9a, 9b et 9c, et qui a eu lieu lors d’une période froide. Il s’agit de la plus ancienne trace de la présence de l’Homme dans le nord-ouest de la France. Le foyer de la couche 9a a été daté à environ -465 000 ans, le plaçant ainsi parmi les plus anciens foyers entretenus par l’Homme en Europe. Fait assez rare en Bretagne pour les périodes aussi anciennes en raison de l’acidité naturelle des sols, quelques restes osseux ont été récoltés lors de la fouille et analysés. Très dégradés et réduits à l’état de « pâte », ils sont toujours associés à des outils en pierre : on peut ainsi en déduire qu’ils ont bien été apportés dans la grotte par l’Homme, et qu’il ne s’agit pas d’un repaire naturel de carnivores, comme la hyène par exemple. Les os trouvés lors des fouilles de 2017 et 2018 sont toujours en cours d’identification. 

Suite à cette occupation en période froide, le climat se réchauffe, et le niveau de la mer remonte : elle revient même dans la grotte, et érode le sommet de la couche 9. La mer dépose à nouveau un cordon de galets sur le site, il s’agit de la couche 8. 

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La seconde occupation humaine prend place sur ce cordon de galets. Plus de 5 300 outils en pierre ont été retrouvés, y compris quelques bifaces. Aucun foyer n’a été repéré lors de la fouille, malgré l’abondante quantité de charbons. Les datations sembleraient placer son occupation vers 400 000 ans.

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La troisième couche archéologique du site est la couche 7, lors d’une phase plus froide. 16 383 objets en pierre taillée y ont été retrouvés, avec de nombreuses traces de foyers. Aucune datation n’a pu être réalisée sur ce niveau, mais on estime son occupation par l’Homme il y a environ 380 000 ans. Les analyses de paléoparasitologie réalisées en laboratoire ont permis de trouver un kyste de Toxocara Canis dans le sédiment de la couche 7, il s’agit d’un parasite intestinal fossile de hyène. La grotte était ainsi sans doute occupée par des groupes de hyènes lorsque de son abandon par les Hommes. 

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De nouveau, après cette occupation en période froide, le climat se réchauffe, la mer remonte dans la grotte, et érode le sommet de la couche 7. Elle dépose encore une fois un cordon de galets sur le site, il s’agit de la couche 6. Sur le sommet de ce cordon de galets, les hommes reviennent s’installer, au début d’une période plus fraîche, il y a probablement 325 000 ans. 20 516 outils ont été retrouvés, ainsi qu’un foyer, fouillé en 2009. 

Le climat se refroidit davantage, et vers -320 000 ans, plusieurs groupes humains s’installent à tour de rôle dans la grotte. Il s’agit de la couche 5 et de ses nombreux sous-niveaux, qui au total comportent 91 770 outils taillés en pierre, et 3 foyers : un foyer circulaire formé de huit dalles de granite disposées à plat, découvert en 1993, et qui comportait en son centre un fragment de molaire d’Éléphantidé ; un foyer découvert en 1988 formé de 6 gros galets de quartz disposés en arc de cercle à proximité d’un bloc de voûte effondré ; et un foyer en cuvette mis à jour en 2005. 

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Le climat se refroidit encore davantage, et de nouveaux groupes humains viennent dans la grotte, qui à cette époque devait certainement plutôt ressembler à un abri en pied de falaise, suite aux effondrements successifs. La couche 4 correspond à la dernière occupation humaine du site, et contient plus de 17 000 objets. Cette dernière occupation humaine sur le site marque le début de la transition avec le Paléolithique moyen dans la région, et l’arrivée de populations Néandertaliennes. Une datation a été réalisée sur un silex chauffé du sous-niveau 4c, et donne un âge d’environ 223 000 ans. 

Enfin, une dune vient colmater les dépôts (couche 3b), et a été datée à environ -150 000 ans. Lors de sa découverte, le gisement était scellé par une sorte de « talus » recouvert de végétation, qui érodait en oblique l'ensemble des niveaux archéologiques supérieurs. Les couches fouillées ne sont donc que partiellement conservées, ce qui explique par exemple l’absence de foyers dans certains des niveaux où il y a des artefacts brûlés.

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